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Ancienne manufacture de toiles

Site et monument historique

Fondée par Christophe-Philippe Oberkampf, et aujourd'hui disparue, la manufacture fut l'une des plus grandes réussites préindustrielles, de la fin du 18ème siècle jusqu'au début du 19ème siècle.

Vous vous trouvez à l'intersection de l'avenue Jean Jaurès et de la Place de la Marne. Vous êtes dans l'enclos de la manufacture de toiles peintes fondée en 1760 par Christophe-Philippe Oberkampf.

C'est un espace de 14 hectares, entièrement clos de murs, comprenant 36 bâtiments. Il est bordé par la rue des Bordeaux (actuelle rue du Docteur Kurzenne), la Sente aux Vaches, la rue de Versailles (actuelle rue de la Libération) et la Grande Rue de Jouy-en-Josas (actuelle rue Oberkampf qui a entre temps été remaniée).

En direction de la Résidence Montjouy se trouvait le bâtiment de l'impression long de 110 mètres, éclairé de nombreuses fenêtres, comprenant 264 tables d'impression réparties sur 2 rangées.

A droite, la mairie au toit d'ardoise qui était une partie de l'habitation d'Oberkampf. La plupart des bâtiments se trouvaient regroupés dans cette partie de l'enclos.

A gauche, les prairies sur lesquelles on étendait les toiles au soleil pour faire blanchir le tissu.

Au milieu des prairies, il y avait la maison des gardes Suisses qui veillaient sur la production et empêchaient les vols de toiles très coûteuses.

On trouve une maquette de l'ensemble au musée de la Toile de Jouy et une représentation virtuelle dans l'application "La manufacture virtuelle d'Oberkampf" (disponible gratuitement sur Google play et Apple store).

La manufacture a fermé ses portes en 1843. Le domaine a été vendu en lots. Le dernier grand bâtiment a été démoli en 1864.

Les seuls vestiges qui demeurent aujourd'hui sont :
- la Maison du Pont de Pierre, première maison d'Oberkampf,
- une aile de sa maison familiale, occupée par la Mairie de Jouy-en-Josas,
- une autre aile de sa maison familiale, en face de la mairie, de l'autre côté de l'avenue Jean Jaurès,
- l'ancien Moulin des calandres, considérablement modifié par sa transformation en moulin à blé puis en usine de produits chimiques appelé aujourd'hui Vieux Moulin.


Voici l'Histoire de la manufacture de Jouy-en-Josas

A la suite de la découverte des toiles peintes ramenées dans les soutes des bateaux des explorateurs et de leur immense succès, l'industrie de l'impression des toiles naît et se déploie dans toute l'Europe.

Elle est brusquement stoppée dans le Royaume de France par un arrêté du 26 octobre 1686. Louis XIV, pour ne pas nuire aux soyeux de Lyon et aux drapiers du Nord, interdit l'importation et la fabrication des toiles imprimées sur tout le territoire.

Cette interdiction durera 83 ans et sera levée en 1759 par Louis XV permettant la ruée de la création de toutes sortes de manufactures.

C'est à ce moment là que tout commence à Jouy-en-Josas quand Christophe-Philippe Oberkampf décide de quitter son employeur Cottin, un fabricant parisien. Il s'associe à Tavannes, Suisse du roi au contrôle général des finances, en 1759, pour fonder une manufacture de toiles peintes.

Il remonte les bords de la Bièvre et arrive dans un petit village de près de 400 habitants : Jouy-en-Josas.

Il a trouvé l'endroit idéal :
- l'eau pure de la Bièvre, si importante dans le processus de fabrication,
- de nombreuses prairies nécessaires à l'étendage des toiles pour les blanchir au soleil, et des vaches dont la bouse entrera dans les opérations d'impression des toiles,
- la Cour de Versailles, à quelques lieues, qui représente un important marché commercial,
- Paris, à une distance idéale, pas trop loin pour y avoir d'autres débouchés économiques, mais pas trop près pour éviter que l'on vienne débaucher ses meilleurs ouvriers, pratique courante à l'époque,
- ce paysage vallonné dont on peut supposer qu'il lui rappelle son pays natal.

Le 31 janvier 1760, Christophe-Philippe Oberkampf loue à Jean Peigné pour 9 ans, la maison du Pont de Pierre. Il y vit dans des conditions plus que sommaires, l'espace étant exclusivement réservé au matériel nécessaire au bon fonctionnement de l'impression des toiles.

Son frère Frédéric, qui l'a rejoint dans l'aventure, est contraint de loger à Versailles et de faire le chemin, de Jouy à Versailles, aller-retour tous les jours.

Le 1er mai 1760 est imprimée la première toile, "Le Chinois à la Brouette". Le processus démarre et malgré les nombreux obstacles, le succès est en marche.

La maison se révèle très rapidement trop petite et dès 1761, des acquisitions régulières permettent d'augmenter la surface de production.

Il fait venir près de lui des collaborateurs suisses de langue allemande :
- François Bossert, graveur sur bois
- Louis Rordorf, dessinateur

En 1762, il s'associe avec Sarrazin de Maraise, avocat au parlement de Grenoble, il s'ensuit une grande amitié. Les compétences comptables et commerciales de Madame de Maraise apportent beaucoup à l'entreprise. Cette association prendra fin en 1789.

Dans le but de toujours faire progresser son entreprise, il optimise les moyens de production pour pouvoir répondre à l'explosion du marché.
En 1760, l'impression se fait à la planche de bois.
En 1770, il importe d'Angleterre la plaque de cuivre.
En 1797, il importe d'Angleterre le rouleau de cuivre, technique d'impression "en continu" qui accélère la production d'une toile monochrome.

Il participe avec les scientifiques aux découvertes de son siècle :
- Claude-Louis Berthollet est à l'origine de l'utilisation industrielle du chlore dans le blanchissage des toiles, technique permettant d'accélérer le processus de fabrication,
- Samuel Widmer, neveu d'Oberkampf, invente en 1808 le vert solide, technique qui permet à la couleur verte d'être appliquée en une seule fois et non plus par juxtaposition de jaune et de bleu.

Il apporte un grand soin à chaque étape de la fabrication, ce qui lui permet de sortir des toiles précieuses d'une grande qualité.

Sa clientèle dépasse les limites de l'hexagone. Il opte pour une politique économique internationale et voyage en Angleterre, en Hollande et en Suisse autant pour faire la promotion de ses produits que pour pratiquer l'espionnage industriel.

En 1783, sa manufacture est déclarée Manufacture Royale par Louis XVI.

Sous Napoléon 1er, sa manufacture accède au rang de troisième entreprise de France, derrière les Mines d'Anzin et la Manufacture des glaces de Saint-Gobain.

Dans les meilleures années, la manufacture atteint le nombre de 1 300 ouvriers répartis sur la manufacture de Jouy et celle de Corbeil.

En 1810, il gagne le Grand Prix de 1ère Classe destiné au Fondateur de l'Etablissement le plus utile de l'Industrie.

Le déclin de la manufacture s'amorce à partir de 1806 à cause du Blocus Continental imposé par Napoléon pour ruiner l'Angleterre.

Il a des difficultés d'approvisionnement, la manufacture qu'il a achetée à Corbeil pour son frère n'est pas rentable, la concurrence fait rage, on préfère maintenant acheter des imprimés de moins bonne qualité mais à meilleur prix.

Il subit de plein fouet la chute de l'Empire. Les troupes alliées contre Napoléon envahissent par deux fois le territoire national en 1814 et 1875. Jouy-en-Josas est occupé et il faut fermer la manufacture et renvoyer les ouvriers chez eux pour éviter les pillages.

Âgé de 77 ans, malheureux de l'état de sa manufacture vidée, Christophe-Philippe Oberkampf meurt le 4 octobre 1815.

Sa manufacture lui survivra tant bien que mal pendant encore 28 ans.

Son fils Emile assurera la relève. Il s'associera avec son cousin Widmer le 1er janvier 1821. Après le suicide de celui-ci il s'associera avec Jacques-Just Barbet, un indienneur de Rouen, le 18 octobre 1821.

Le 30 décembre 1822, Barbet qui deviendra Barbet de Jouy, est seul propriétaire de la totalité de la manufacture de Jouy.

La manufacture ferme définitivement en 1843.


Qu'en reste-t-il ?

La manufacture de toiles peintes est maintenant connue comme la Manufacture des Toiles de Jouy.

La production de la manufacture est liée à un esprit d'excellence et de rigueur.

Près de 30 000 motifs ont été créés et nombre d'entre eux sont toujours produits.

Ils continuent encore de nos jours à être sources d'inspiration pour des créateurs, des stylistes, des décorateurs.

Le nom toile de Jouy est devenu un générique. Il s'emploie pour les productions de toiles imprimées originaires de Jouy-en-Josas ou d'autres manufactures françaises.

En son temps, la manufacture a complètement métamorphosé le bourg de Jouy-en-Josas qui s'est agrandi et qui aura beaucoup de mal à se remettre de sa fermeture qui prive ses ouvriers de travail.


Les textes ont pu être écrits grâce aux travaux du Groupe de Recherches Historiques de Jouy-en-Josas et se sont appuyés sur les écrits de l'application pour smartphone "La Manufacture Virtuelle" créée par les Amis de la Toile de Jouy.

Informations d'accueil

Présence sur place d'une plaque historiée.
Accessible en fauteuil roulant en autonomie

Ouvertures

Toute l'année, tous les jours.

Tarifs

Accès libre.

Prestations

  • Parking gratuit
  • Non visitable

Informations pratiques

Ancienne manufacture de toiles
Place de la Marne
78350 Jouy-en-Josas
ITINÉRAIRE